Quand on décide du prochain chapitre

Après des mois bloquée, frustrée, empêtrée, où seule l’envie d’avoir envie subsistait, j’ai l’impression de renaitre, tel un phénix. C’est grisant et exaltant. Tous les projets plus ou moins ambitieux qui restaient en arrière plan de mon mental piaffent déjà d’impatience.

A l’époque de ma certification de praticienne en hypnose, je me donnais quelques mois pour pratiquer à plein temps. J’étais aussi animée qu’aujourd’hui pour mettre toute mon énergie dans cette activité passionnante.

 

Et puis la vie.
Ou plutôt la mort.

 

Celle de mon père d’abord. Parti trop tôt, soudainement. Les priorités changent, il n’est plus question de foncer tête baissée dans ma nouvelle vie professionnelle. D’abord le temps des au revoir, de la peine, du réconfort en famille. C’est long, surtout pour une impatiente comme moi, mais nécessaire. Et de toutes façons je ne peux pas faire autrement, mes pensées, mon corps sont en vrac pendant un bon mois. Je fais avec, je le vis même pleinement pour « faire mon deuil » comme on dit, même si cette phrase n’a pas vraiment de sens. On ne le fait pas vraiment, on vit avec.

Après un mois, même si émotionnellement je suis moins disponible au lancement d’une activité d’indépendante qu’au moment de ma certification, je commence quand même à faire quelques séances, à la maison d’abord, petit à petit, à mon rythme. J’ai alors la bonne idée de monter dans le train de Laurent Bertin, aux balbutiements de l’Académie Hypnoscient, groupe de supervision pour hypnothérapeutes débutants C’est un soutien précieux, autant pour les aspects pro que perso. On est peu nombreux, la dynamique du groupe est folle et inspirante. J’y trouve toutes les clés pour démarrer mon activité et éviter bon nombre de pièges tant administratifs que relationnels par exemple. Aujourd’hui encore je suis à bord et c’est toujours le même plaisir et le même soutien, avec une communauté qui ne cesse de grandir et permet de belles rencontres.

L’année suivante je m’installe en cabinet. Ma pratique d’accompagnante en hypnose s’étoffe, je continue à me former et ajouter des cordes à mon arc. Les clients semblent satisfaits, ils changent, ils vont mieux. Côté perso, les choses n’évoluent pas aussi bien, la fin de mon mariage s’annonce inéluctable. Même si elle fut aussi apaisée que possible, en toute intelligence et respect mutuel, ce n’en est pas moins une épreuve intense, un nouveau tsunami émotionnel. Le deuil de la famille idéale n’est pas simple et prend du temps. On n’efface pas 15 ans de vie commune en un claquement de doigts.

Et au quotidien, tout est à réinventer. La vie en tant que maman solo à mi-temps, la vie de célibataire l’autre partie du temps. De nouveaux repères à inventer, des expériences à vivre. Aussi grisant qu’inquiétant, même si ceux qui me connaissent savent que je suis une grande optimiste et que la peur n’a que peu de prise sur moi. Enfin, pour l’instant …

Dessin de livre ouvert avec des papillons qui sortent des pages

Une nouvelle année démarre. Mon activité d’hypnose prospère. J’ai toujours le projet de passer à temps plein, même si la trouille d’assumer toute seule financièrement se fait sentir au creux de mon ventre. Et oui, la peur me rattrape finalement. Je démarre quand même l’année en pleine forme, j’ai trouvé mon équilibre, j’ai envie de mordre la vie à pleines dents.

Et comme un pied de nez, elle me prend de court dès janvier en décidant d’emporter un autre être cher, l’une de mes sœurs.
L’avantage d’une famille nombreuse c’est de pouvoir se serrer les coudes dans ces moments-là. L’inconvénient c’est de devoir y faire face plus souvent aussi … Encore un décès soudain et inattendu. Qui laisse un enfant de 13 ans sans mère.

 

 

Life sucks

Le souvenir de nous quatre, mon frère, mes sœurs et moi, portant le cercueil de notre défunte sœur, est aussi fort que terrible. Rien que de l’écrire, mon ventre se serre, tant l’injustice résonne encore aujourd’hui. On le sait tous pourtant, c’est la règle du jeu, la vie se termine. Toujours. Un jour. Sans savoir où, quand ou comment. Et pour mes enfants, c’est une claque. Ils perdent une tante, et comprennent qu’ils pourraient, eux aussi, perdre un parent, malgré leur jeune âge. Personne n’est à l’abri.

Ce deuil-là est très différent pour moi. Plus amer, en raison de ma relation avec cette sœur. Elle et moi étions aussi ressemblantes que différentes. Tantôt proches, tantôt distantes. Entre aversion et amour. C’est ainsi que je vis cette année si particulière. Un vrai ascenseur émotionnel, dans lequel s’ajoute une rencontre amoureuse, qui promet autant de joie que d’interrogations.

Et puis 2020, et les évènements qu’on connait. Confinement et situation sanitaire ne m’encouragent pas à lâcher un salariat gagne-pain. Cette période est pourtant fertile : encore une fois, j’ai la bonne idée d’embarquer dans une aventure qui démarre, celle de Jean-Pierre Chaudot et de son Révélateur. Profiter du confinement pour oser, pour bosser sur ma vision de l’avenir et mes talents. Ces mois-là m’aident à assoir ma légitimité interne et mes capacités. Et là aussi, je continue encore aujourd’hui dans cette communauté, parce que se faire connaitre n’est pas une mince affaire et fait partie intégrante du boulot d’accompagnant si on veut en faire une activité rémunératrice et pérenne.

Au sortir de la crise, sur le plan personnel c’est plutôt chouette. Nous venons d’emménager dans une superbe maison ou notre famille recomposée se construit. On découvre les joies et les difficultés de ce mode de vie. On savoure les premières, on fait face aux secondes, comme on peut. La vie quoi.

Côté pro j’ai beaucoup de mal à retrouver ma clientèle d’avant, et l’année est décevante et fatigante. Aucun évènement particulier pour expliquer cela, sûrement l’accumulation des années précédentes qui me demande de digérer, d’apaiser, de me poser. Je prends les choses comme elles viennent autant que possible. Et puis mon éternel optimisme n’en démord pas. Un jour ou l’autre, je vais ouvrir mes ailes et voler haut et loin, peut-être même plus haut et plus loin que je l’imagine. En attendant, je me prépare. Je me fais accompagner, d’un côté sur les aspects perso, de l’autre pour le pro. Visibilité, mise en place de programmes, vidéos de présentation. Je teste plein de choses. Certaines prennent, d’autres pas. Et j’oscille entre enthousiasme et frustration.

Plus de 5 ans ont passés depuis ma certification. Autant d’années que j’attends que mon activité d’hypnose me rapporte suffisamment d’argent pour lâcher mon salariat. Force est de constater que ça ne fonctionne pas.

Un jour de décembre, alors que je suis dépitée face à mon bilan de l’année, je me dis que maintenant ça suffit.

Et je prends une décision radicale.

L’année qui vient sera l’année où je sors du salariat.
J’ai peur, mais je me lance.

 

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